Ants, Bees, Genomes & Evolution @ Queen Mary University London
Mexico voyage
Mardi, fin d’apres-midi. Cansados et fatigues. Malgre une longue soiree de purification par des shamans azteques, de tacos, quesadillas et Corona brune a Mexico, les reveils allaient sonner a 5h du matin. 1000 bornes, en commencant par la traversee de Mexico, nous separent de Monterrey - il faut prevoir en consequence. Nous sommes 10, bourres les uns contre les autres dans un Chevrolet Suburban, ecrases sous les saxophones, guitares, congas et autres percussions, materiel photo et video, vetements, nombreuses bouteilles d’eau Les fenetres sont ouvertes, la radio allumee et la fatigue permet malgre tout une petite sieste ou deux. On a traverse plusieurs etats, passant a chaque fois les barrages et controles militaires. Ils fouillent pour trouver armes et drogues et jusqu’a present, ils n’ont pas trop insiste. Tout se passe comme prevu a la pause petit-dejeuner dans un Vips??? dans la magnifique ville de C???? est un bonheur.
Alors qu’il nous reste trois heures de route, il fait chaud et le moteur clacotte. La station essence permet de s’etirer, de se rafraichir, de faire le plein de chips ete de se rendre compte que le moteur tournait sans huile. Il y avait une fuite. 5 bouteilles d’huile plus tard, le bruit inhabituel n’est pas parti. Merde. Un mecano nous dit que les pistons frottent, le moteur est foutu ; un second confirme que le mal est deja fait. Un troisieme nous deconseille de rouler avec les pistons abimes et en frottant, ils peuvent s’arreter brutalement. Et avec eux le reste du moteur. Les consequences peuvent etre desastreuses. Que faire ? Heureusement qu’on s’est arrete avant que le moteur ne nous arrete. Meme au fin fond du Mexique, on trouve un peu de vie parmi les batisses delabrees au bord de la route. Mais les telephones ne fonctionnent pas. L’hombre assis sur son ane poursuit tranquillement sa route. S’appelle-t-il Pedro ? On attend. Le magnifique coucher de soleil va de pair avec nos cigaros puros, refoulant les pensees de desespoir. Merde. Sans voiture on n’ira pas a Monterrey, ni a Toluca, Mexico, Guanajuato, Leon, Guadalajara Et le moteur devra etre remplace. Es muchas caro. La reparation prendra 15 a 20 jours.
Le meilleur mecanicien des environs fera-t-il un tour de magie ? Ils arrivent a deux, l’un reste au volant de son truck, l’autre se met au volant du notre ; ils les relient par un cable tracteur. On part dans la nuit. En haut d’une colline, il le lache. Roue libre. Silence. Il fait tres noir. ca descend. La vitesse monte. 80 a 120 a 140 on double des voitures, des camions. Atmosphere tendue. C’est carrement flippant. Il freine occasionnellement pour attenuer la velocidad. D’un coup, on se retrouve dans le garage du mecanicien. L’atmosphere toujours aussi tendue. Le truck nous a ete loue pour 2 semaines a 5000 pesos par un pote de Mori, notre chauffeur. evidemment qu’il n’y a pas d’assurance. Et on n’a pas de thunes non-plus. Manuel et Rodrigo sont au chomage et eux comme les autres ont deja avance plus que prevu. Le voyage etait sense ne rien nous couter mais les comptes en banque souffrent. Differentes options : rentrer a Mexico, aller directement a Leon, continuer pour Monterrey ; en bus, en train, en louant une autre camionnette ou loger/manger sans depenses? On fini par payer 3000 pesos au mecanicien et il nous amenera jusqu’a Monterrey ou un hotel nous attend. 2 devant avec le mecanicien, 4 sur le petit banc arriere, 4 vetus de tous nos blousons et couvertures dans l’espace de chargement du pick-up avec les instruments. Le mecanicien profite de la situation, mais il est en situation de forcee il est tard et on n’a pas reellement d’alternative. Il conduit vite sur les routes cabossees. Ca bouge dans tous les sens. J’ai mal et j’ai peur pour ceux qui sont derriere et sans ceintures, soumis au vent et au froid, leur fesses moulees par le fonds metallique de l’espace de chargement. La temperature exterieure varie : 20 a 9 a 14 a 11 a 24?C. A l’interieur, on n’a a peine la place de respirer e sans meme considerer bouger. Les corps ont mal. Je suis avec des personnes fortes, tres fortes. Elles connaissent la souffrance. J’admire leur courage. Je suis content d’etre avec eux. Mais j’ai mal pour eux. Leur vie est dure. Tres dure. Ces emmerdes sont la cerise sur le gateau.
Monterrey pue. Cette capitale economique sent l’industrie, le diesel, les egouts et surtout les egouts. La chaleur n’arrange pas les choses. Vers minuit, on retrouve nos hotes. Au club, les clients et clientes bougent en rythme avec une Cumbia dont la qualite sonore rappelle une boite de conserves. L’air et l’ambiance est chaude. L’accueil est enorme e on nous attendait ! Cervesa, photos, autographes (sur les t-shirts et pantalons !) et jolies jeunes filles. Les rastas de notre soundman Laurent ont un succes enorme. Les indigenes hallucinent en apprenant que la Internacional sonora calavera est reellement internationale (Usa, Canada, Panama, Mexique, France, Chile, Israel, El Salvador). Les concerts precedents ne nous avaient pas fait esperer autant ! L’avant-veille, on l’avait suspendu sous les jets de bouteilles et de cremes glacees. Ici, les choses semblent mieux gerees qu’au Salon Presidente. L’organisateur, Simpson, nous reconforte sur nos craintes d’etre de nouveau face a un public ska de jeunes punks de 12-18 ans intolerants, violents et shootes e la colle. Meme etant en premiere partie d’un groupe Ska, on jouera dans un endroit haut-de-gamme, avec un public large et varie de personnes ouvertes e la Cumbia et au World-beat.
La soiree se poursuit. On est fatigues, mais on comprend qu’il faille se montrer et discuter un peu avec les gens. On boit. Un homme en bleu particulierement lourd (dans les 2 sens), nous dit de continuer comme ca, le Ska, c’est l’avenir. Beaucoup d’hommes sont gros et semblent mafieux. Mais en fait, ou logera-t-on ? On ne nous aurait attendu que le lendemain. Donc grosse galere avant de faire en sorte que les gens bougent pour nous amener le ou on dormira. On finit par y etre amene, manger quelque tacos, puis de s’ecrouler sur les matelas. Dans la nuit, quelqu’un place ma teete sur un oreiller et me couvre d’une couverture. Je ne m’en rends pas compte.
November 29, 2004